MSI Global
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03/10/2021
Qui aurait cru qu'AMD parvienne à raviver les braises 3D qui couvaient depuis un moment dans son âtre ? Il l'a fait sur le marché des processeurs pour PC, avec brio et à force de travail. Mais sur les cartes graphiques, la partie était vraiment loin d'être gagnée. Pour être honnêtes, nous avions un furieux doute sur le fait que la marque parvienne à revenir aussi vite et fort. Et pourtant, c'est bien le cas.
Cette génération de Radeon RX 6000 a néanmoins pris sont temps pour arriver. Elle fait ses premiers pas plus d'un an après les premiers balbutiements de reprise de l'activité des rouges sur la 3D, incarnés par les Radeon RX 5000.
Elles étaient intéressantes sur leur segment d'entrée (RX 5500 et 5600) et milieu de gamme (RX 5700 et 5700 XT) car leur prix était très attractif et leurs performances honnêtes. Mais Nvidia occupait déjà bien le terrain et conjuguait à la fois la puissance au prix pour faire tomber AMD. Contrer les positionnements prix des RTX Series 20 et des GeForce GTX Series 16 de Nvidia n'était pas facile mais AMD a tenu bon comme il le pouvait.
Aujourd'hui, l'arrivée du trio RX 6800, 6800 XT et 6900 XT va venir secouer le marché de cette fin 2020 !
Mais n'est-ce pas un peu trop tard pour les RX 6000 alors que les RTX de seconde génération, les Series 30, sont déjà là ? Non, pas vraiment, surtout si l'on fait un pas de côté pour avoir une vision plus globale de la situation dans laquelle se trouve AMD.
D'une part, la crise sanitaire est passée par là : AMD n'a sans doute pas pu aller aussi vite que prévu. Les RX 6000 auraient dû être annoncées au Computex, en juin 2020, s'il avait eu lieu. Leur sortie aurait pu intervenir plus tôt, à la rentrée.
D'autre part, AMD avait aussi une grosse priorité depuis des mois : se concentrer sur la production et la livraison des puces pour les consoles Microsoft et Sony. Car, ces deux-là n'auraient souffert d'aucun retard sur leurs commandes respectives pour lancer leurs propres plates-formes de jeu cet automne.
Dans le même temps, les équipes de Lisa Su (la P.-D.G d'AMD) devaient continuer de fourbir les armes sur le segment des processeurs, pour tenir tête voire - même - faire douter sérieusement Intel, tant sur les PC portables que sur les PC de bureau. L'annonce de tout un arsenal de puces en début d'année et cet automne en est le résultat concret.
L'agenda était donc bien rempli. Et pourtant, abruptement et surement, il revient dans la partie. La Radeon RX 6800 XT est une carte graphique que l'on attendait plus et qui, pourtant, est pleine de surprises. Allez, suivez-nous : on vous montre.
Comme nous l'expliquions lors de nos premiers tests publiés il y a quelques jours ainsi que lors de l'annonce du lancement des RX 6800, le 28 octobre dernier, AMD revient avec une toute nouvelle architecture graphique. Elle se nomme RDNA 2 et est dans la continuité de la première mouture. Sauf qu'elle repose sur trois gros piliers fort bien illustrés ci-dessous : plus de gros moteurs graphiques, plus de mégahertz et la présence de l'Infinity Cache, une technologie exclusive à AMD.
Si on s'attarde sur la manière dont AMD a aménagé les unités dans la puce des Radeon RX 6000, on remarque effectivement qu'il y a des similitudes avec RDNA 1.
Tout ce petit monde est rangé a peu près de la même façon, et AMD n'a fait que déplacer certains éléments pour les rapprocher d'autres ou à repenser le câblage de parties pour qu'elles puissent mieux communiquer avec d'autres. Il a fallu faire un peu de place pour l'Infinity Cache bien sûr et implanter les nouvelles instructions matérielles relatives à DirectX 12 Ultimate.
Avec tous ces réaménagements et ces optimisations, AMD nous promet de parvenir à délivrer plus de puissance que les RTX de Nvidia tout en consommant moins, et en proposant des technos qui soient à la fois propres à nos PC mais, aussi, communes à celles des consoles de nouvelle génération. Le but ? Faciliter le travail des créateurs de jeux et faire en sorte qu'ils n'aient pas à tout optimiser de nouveau, voire à changer de technologies d'affichage (ou d'améliorations de tels ou tels jeux de polygones) lorsqu'ils portent un titre PC sur Xbox Series ou PS5 et inversement.
Si la Radeon RX 6800 XT reflète les prouesses de ses consoeurs alors, nous l'assurons fort : elle est en pleine possession de ses technologies et de ses moyens.
Surtout en matière de 3D : l'architecture RDNA 2 est vraiment impressionnante quand elle s'y met et peu de technologies actuelles lui résistent.
Et si Nvidia possède son arsenal de technologies maison comme le DLSS ou encore le RTX IO, AMD lui mise plus sur l'ouverture avec le pack d'outils FidelityFX, en open source et annoncé à l'E3 2019.
Plusieurs jeux l'intègrent déjà (Dirt 5, Godfall) et d'autres, vont bientôt les rejoindre (la prochaine extension de WoW, Shadowlands ou le prochain Far Cry 6).
Nous ne ferons pas un inventaire à la Prévert de tout ce qui se cache dans cette boîte pour développeurs de jeux vidéo mais la palette est large. Il y a à la fois des technologies pour améliorer le rendu HDR, la gestion du contraste et des textures boostés aux algorithmes (CAS : Contrast Adaptive Sharpening), que l'activation de denoiser (nettoyage intelligent de textures pour les rendre plus nettes), ou encore de traitements post process très fins (comme le CACAO : Combined Adaptive Compute Ambient Occlusion). Allez, on passe aux tests ?
Nous avons volontairement fait l'impasse sur les performances en Full HD dans nos jeux. Si vous achetez une Radeon RX 6800 XT, c'est que vous avez un écran 1440p minimum à la maison. Ou que vous projetez d'en acheter un rapidement (pendant le Black Friday 2020 par exemple). Autre cas possible, vous avez déjà une dalle de 2560 par 1440 pixels et vous passeriez bien à la 4K à court terme.
En cela, la RX 6800 XT et la RTX 3080 se positionnent bien sur le même segment et ciblent bien les mêmes gamers, pas de doute. Voyons ce qu'il en est une fois qu'on les confronte sur les jeux de notre choix.
Pour nos tests, nous avons pioché dans notre réserve et pris la RX 5700 XT, seule ressortissante puissante dotée de l'architecture RDNA 1 d'AMD. Chez Nvidia, nous avons choisi les RTX 3070 et 3080.
La première est, pour rappel, aussi puissante voire un peu plus que la RTX 2080 Ti, l'ancien très haut de gamme de Nvidia. La RTX 2080S a aussi été choisie mais, pour ne pas alourdir les graphiques, vous n'aurez pas le détail de ses scores. Nous ne vous donnerons que les pourcentages d'écart constatés en fin de parcours.
Nous n'avons pas modélisé tous nos tests sous forme de graphique mais l'essentiel est là. Il y a des jeux en DirectX 11 d'autres en DX12, les niveaux de détails ne sont pas toujours à fond pour vous donner un éventail large des possibilités offertes par les quatre cartes que nous avons jugées pertinentes d'opposer les unes aux autres.
On remarque que, conformément à nos premières observations, la RX 6800 XT se taille une belle part du lion et ne se laisse pas démonter face à la RTX 3080. La carte Nvidia reste toutefois bien en tête dans 60% des cas. Parfois de peu, parfois d'une bonne tête.
Une fois tous nos résultats compilés, la Radeon RX 6800 XT est :
Dans le cas de la Radeon RX 5700 XT vs 6800 XT, la nouvelle arrivante double la mise dans plusieurs jeux, nous avons même relevé des écarts de l'ordre de 110% dans certains tests analytiques (3D Mark).
La définition reine est clairement visée par AMD avec la Radeon RX 6800 XT. D'après le concepteur, on peut jouer à tous les jeux, sans compromis et de façon super fluide. Pour ceux qui en veulent encore plus, toujours selon AMD, ce sera la 6900 XT qu'il faudra viser, dès le 8 décembre prochain. Mais, pour l'instant, nous n'avons que la RX 6800 XT et comme elle a beaucoup de points communs avec sa grande soeur, elle devrait être une bonne mise en bouche de ce qui nous attendra dans quelques semaines.
La Radeon RX 6800 XT est en tête sur 2 de nos 7 tests. C'est peu. Et elle est clairement dans le rétroviseur de la RTX 3080 dans deux autres, sans parvenir à lui passer devant. Sur les trois dernières épreuves : elle est purement et simplement distancée.
Là encore, tous nos tests ne sont pas matérialisés dans le graphique ci-dessus. En compilant toutes nos données, voici comment se comporte la RX 6800 XT en moyenne et cela permet de mettre bien des choses en perspective :
La RTX 3080 est clairement en ballotage, la RX 6800 XT et la GeForce sont clairement au coude-à-coude. Et la nouvelle Radeon ne fait qu'une bouchée des autres cartes que nous avions choisies. AMD marque beaucoup de points ici, surtout que la Radeon RX est sa première carte vraiment taillée pour le 2160p.
Comme la guerre entre AMD et Nvidia ne déroule plus seulement sur le terrain de la 4K mais aussi sur celui des technologies graphiques de pointe, nous avons - nous aussi - joué le jeu. Bien évidemment, nous ne parlerons ici que de ray tracing puisque la carte AMD ne peut pas prendre en charge le DLSS, une technologie propriétaire Nvidia.
Par ailleurs, vous verrez ci-dessous que les jeux ou applications de notre panel, compatibles ray tracing avec les deux cartes sont peu nombreux. Toutefois, cela donne un bon aperçu de ce que cette Radeon, la première à pouvoir prétendre concourir dans cette discipline technologique, a dans le ventre.
Nous avons volontairement introduit la RTX 3070 dans le paysage car elle est, à nos yeux, la meilleure carte graphique du moment. Bien entendu, cette puce très polyvalente ne peut pas rivaliser avec la RTX 3080 sur le ray tracing. En revanche, il est intéressant de voir qu'elle ne se laisse pas distancer si facilement par la RX 6800 XT. Elle lui passe même devant dans le benchmark du jeu Bright Memory (disponible gratuitement sur Steam).
Si l'on se concentre maintenant sur le duel 6800 XT contre GeForce RTX 3080, le modèle Nvidia est en tête. Dans les trois disciplines que nous avons choisies.
En moyenne, sur les tests RT que nous avons pu menés, voici comment se positionne la RX 6800 XT :
Pour une première incursion, la Radeon RX 6800 XT se débrouille bien. Nous ne pensions pas qu'elle parviendrait à ses fins aussi facilement. Elle ne peut pas se mesurer aux cartes Nvidia actuelles haut de gamme, que sont les RTX 3080 et RTX 3090. Néanmoins, par rapport à la première génération de RTX, elle se débrouille bien.
Avant de passer à la suite des réjouissances, nous allons toutefois préciser quelques petites choses. Plusieurs jeux compatibles ray tracing de notre panel, comme Wolfenstein Young Blood, ne pouvaient pas activer le ray tracing dès qu'on branchait la carte AMD sur la plate-forme. Et pour cause, ce titre est clairement optimisé par ses développeurs pour utiliser des modules développées en interne (sur une base de Vulkan RT) mais qui ont été taillés sur mesure pour les cartes Nvidia faute de concurrentes jusqu'à présent.
Rien ne dit qu'un patch ne soit pas en cours de création pour que les possesseurs de Radeon RX puissent, à terme, profiter des effets de lumière dans cette uchronie pleine de cybernazis.
À l'inverse, un titre comme Watch Dogs Legion, clairement poussé par le créateur des GeForce comme un très bon représentant du ray tracing à sa sauce, peut également digérer la Radeon. Tout comme la nouvelle extension de World of Warcraft, Shadowlands qui sera sortie au moment où vous lirez ces lignes, et qui sera compatible avec les deux écuries.
On trouve aussi la situation inverse : des développeurs qui décident d'utiliser ses solutions. C'est le cas des papas de Godfall.
Si vous avez une Radeon RX 6800 ou 6800 XT et le jeu, vous pourrez activer le ray tracing. Si vous avez une GeForce, le menu des options graphiques ne vous le proposera pas du tout.
Epreuve incontournable que celle de la mesure de la consommation de notre plate-forme de test avec différentes cartes graphiques tournant sur le même benchmark pour établir des tendances de besoins énergétiques. Précisons tout de suite que, contrairement aux dernières GeForce, la Radeon RX 6800 XT se contente de prises d'alimentation classiques. Il lui faut toutefois deux pconnecteurs 8 broches pour bien fonctionner.
Il y a eu comme une légère augmentation de la consommation de la plate-forme équipée de la Radeon RX 5700 XT et du le dernier pilote AMD. Nous avons observé un delta de 10 à 20 watts par rapport aux relevés faits lors des tests des RTX 3070 et 3080.
Toutefois, la RX 5700 XT reste encore la moins vorace des quatre cartes en présence. Mais... il n'en demeure pas moins que son rapport consommation-performance est très élevé par rapport à la RX 6800 XT. Ca crève les yeux. La dernière des Radeon consomme certes 24% de plus que la 5700 XT... mais délivre jusqu'à 84% d'images par seconde supplémentaires dans notre test mètre-étalon.
Autre bonne nouvelle, équipée de la RX 6800 XT, notre plate-forme de test consomme presque 12% de moins que la RTX 3080 sur le même jeu, avec des réglages identiques et en 4K tout en générant jusqu'à -10% d'images par seconde. La balance est presque à l'équilibre.
En ce qui concerne le bruit, AMD a fait d'énormes efforts. Les modèles classiques de Radeon RX 5700 et 5700 XT sont très bruyants, nous avons encore eu l'occasion de le (re)constater en faisant les tests ces derniers jours. Sur la carte classique d'AMD, la ventilation s'emballe parfois sans raison et le ventilateur ronronne constamment.
Là, avec le système à trois ventilateurs et la chambre à vapeur améliorée, c'est le calme plat quand la RX 6800 XT est en poste. Même lorsqu'on lui demande de mobiliser ses ressources ; elle parvient à se faire discrète dans 90% des cas. Nous avons toutefois perçu de petits sifflements en Full HD et dans certains jeux en 1440p, quand les jeux affichent leur menu ou quand la carte se déchaîne à basse définition.
C'est le bon vieux phénomène du coil whining. Pour rappel, il ne se produit que lorsqu'une carte est sous-exploitée par un jeu mais qu'elle charge ses composants électriques au maximum pour prévenir tout souci de fluidité ou de drop d'images par seconde. C'est agaçant plus que ce n'est dangereux pour une carte.
On apprécie aussi qu'AMD soit parvenu à implanter le mode 0 fan : lorsque la carte n'est pas utilisée ou que les conditions dans laquelle on fait appel à elle ne provoquent pas de chauffe intense sous le dissipateur, les ventilateurs restent à l'arrêt.
Terminons par la chauffe. Comme notre plate-forme n'est pas enfermée dans un boîtier, nous ne nous pouvons nous fier qu'aux logiciels capables d'interpréter les informations provenant des sondes situées sur le circuit de la carte. Nous utilisons GPU-Z mis à jour dans sa dernière version, la référence depuis des années. Cet outil nous a indiqué, pendant toute la durée de nos tests, que la température de la puce atteignait 93°C au plus haut, 60 à 76°C en moyenne, suivant les jeux et ce, en 1440p comme en 4K.
Sur le reste de la carte, le mercure pouvait grimper jusqu'à 72,5°C selon les moments. Une chose est sûre, si vous approchez votre main de la plaque métallique arrière alors que la carte est en plein exercice ou vient de finir une séance de jeu musclé, vous ressentirez tout de suite la chaleur qui s'en dégage. Comme sur les RTX Series 30.
D'ailleurs, comme pour les GeForce, un boîtier bien ventilé est à prévoir pour loger ce monstre de Radeon. Dans la mesure du possible, optez aussi pour un dispositif de refroidissement watercooling pour le processeur. Ou, à défaut, un ventirad pas trop large.
Vous éviterez ainsi qu'il ne soit sur le trajet voire en contact direct avec la plaque arrière et ses émanations de chaleur... comme c'était le cas sur notre plate-forme. Le beau schéma d'AMD visible ci-dessus est de la théorie pure et dure, dans la réalité, la chaleur n'est jamais aussi bien canalisée par l'arrière de la carte. Les sondes de notre carte mère et de notre notre processeur (+8,5°C de plus relevé en charge sur le CPU) sont formelles sur ce point.